Dessin de l'auteur, Pierre, réalisé en 2005
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Souvenirs des Cévennes, Pierre
Ces souvenirs sont anciens puisqu'ils datent des années 1968-1969, années pendant lesquelles, alors que nous étions jeunes mariés, nous avions décidé de placer nos vacances sous le signe du camping, camping sauvage le plus souvent ou sommairement aménagé. Attirés dès cette époque par le massif central nous en avions fait notre lieu de séjour préféré. C'est au cours d'un périple dans cette région que nous avons découvert les Cévennes. Reste indéfectiblement gravé dans ma mémoire le souvenir d'une journée qui, sur le coup de 17 heures, nous avait conduit à faire une pose sur la corniche des Cévennes après une chaude journée touristique.
[FERMER]
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Nous avions planté la tente Igloo à arceaux gonflables près d'une petite route de campagne, sur le causse, plateau désertique. Puis, après un repas du soir léger, le repas de midi ayant été plutôt plantureux comme il est de coutume dans cette région, sans oublier la gamelle du chien qui nous accompagnait partout à cette époque et encore maintenant, (seul le chien a changé, comme vous pouvez vous en douter), nous nous couchâmes dans la tente nous et le chien tous fourbus. Le sommeil ne nous avait pas encore pénétré que nous commençames à percervoir dans le lointain le tintement de multiples clochettes témoignant de la présence à distance respectable d'un imposant troupeau de moutons. Rien, jusque là ne nous alertait si ce n'est qu'au bout de quelques longues minutes nous pûmes nous rendre compte que le bruit des clochettes se rapprochait. Quand les tintements devinrent plus conséquents, je risquais un œil par la fenêtre de la tente et j'aperçus à une centaine de mètres le troupeau de moutons qui progressaient dans notre direction. J'analysais rapidement la situation car je savais que ces troupeaux sont, en général, accompagnés de chiens. Le notre étant dans la tente, je redoutais l'instant où notre Kim (car tel était son nom) allait sentir la présence de ses congénères. Mon épouse et moi-même avons retenu notre respiration lorsque le troupeau est parvenu au niveau de la tente. Notre Kim fourbu dormait sur le tapis de sol de la tente sans manifester la moindre inquiétude. Le troupeau est passé à droite et à gauche de notre habitat sans même faire frôler les tendeurs puis s'est reserré, la tente passée. Nous avons entendu les clochettes s'éloigner peu à peu, puis après quelques minutes plus rien, le troupeau s'était évanoui dans la nature et nos appréhensions avec. Le sommeil ensuite n'a pas tardé à venir . C'est sans doute un de nos plus beaux souvenirs de nos premières années de jeunes mariés. Depuis ce jour, la Lozère ne cesse de nous combler et nous ne passons pas une année sans y retourner. C'est notre bain de jouvence ! |